40 ‖ DECEMBRE 2024
Décentralisation de la formation professionnelle au Niger : analyse de l’expérience des Centres de Formation aux Métiers (CFM) dans les collectivités locales. Cas de la commune rurale de Koré Maïroua
Résumé
Cet article décrit, dans un premier temps, le contexte de la décentralisation de la formation professionnelle au Niger. Il aborde ensuite la nécessité de doter les collectivités locales d’un outil à même de faciliter le développement local : la création des Centres de Formations aux Métiers (CFM) procède de cette logique de gouvernance locale.
L’objectif de l’implémentation des CFM dans les communes tient à la nécessité de renforcer le maillage territorial comme démarche appropriée à l’amélioration de l’accès et à la prise en compte des spécificités locales. Se basant sur une méthodologie spécifiquement qualitative, l’étude met en lumière l’apport déterminant de cette formation de proximité dans l’insertion sociale et économique des jeunes de la commune rurale de Koré Maïroua.
Abstract
This article begins by describing the decentralization of vocational training in Niger. It then discusses the need to provide local authorities with a tool capable of facilitating professional integration. The creation of Centres de Formations aux Métiers (CFM) is part of this local governance approach.
The experience of decentralizing the tools used to help young people in the rural commune of Koré Maïroua to enter the job market proves the need to contextualize needs by taking into account the specific features of each territory. Based on a typically qualitative methodology, the study highlights the decisive contribution of CFMs to the social and economic integration of young graduates
Table des matières
Texte intégral
pp. 77-100
01/12/2024
Introduction
1Le développement du capital humain est l’un des leviers importants sur lequel repose le développement du continent africain (K. Camara, 2015). Dans ce contexte, la valorisation du potentiel humain est appréhendée comme une solution durable permettant de booster le développement économique du continent. De ce fait, l’enseignement et la formation professionnelle forment des facteurs importants qui concourent au développement du capital et à l’intégration des jeunes dans le tissu économique (R. El Bettioui, 2023). En ce sens, J-F. Orianne et C. Remy (2010) expliquent que la problématique de la création d’emploi est intimement liée à celle de développement de compétences, justifiant ainsi le rôle fondamental des politiques de formation dans les politiques d’emploi et de développement. Pourtant, dans la plupart des pays africains, l’inadaptation des systèmes d’éducation et de formation pose davantage les problèmes de compétences et l’employabilité des jeunes. Le chômage et le sous-emploi des jeunes deviennent un problème croissant et une véritable préoccupation des pouvoirs publics. Cette situation traduit les problèmes de l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences mais aussi dans une certaine mesure, l’inefficacité des dispositifs d’accompagnement et d’insertion professionnelle des jeunes.
2Face à ces préoccupations, le Niger a entrepris, dès 1998, la refondation du secteur des enseignements techniques et professionnels impulsée notamment par les assises francophones de Bamako (actes de la 48ème session ministérielle de la CONFEME, 1998). Cet engagement est soutenu en 1999, par les orientations de l’OIT qui soulignent l’impérieuse nécessité de renforcer l’enseignement et la formation techniques et professionnels afin « de corriger le déséquilibre trop important dans les filières techniques par rapport à l’enseignement général » (Stratégie d’expansion de l’EFTP à l’horizon 2030, p.44). C’est aussi pourquoi la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP, 2002-2015) exprime la volonté de réhausser la proportion des effectifs de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels dans les effectifs du secondaire de 8% en 2001 (base de projection) à 20% en 2005, puis à 50% à l’horizon 2015.
3Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF, 2014-2024), le Niger se fixe aussi l’objectif d’améliorer la proportion des apprenants de l’EFTP par rapport à ceux de l’enseignement secondaire général. Cette politique a pour ambition d’augmenter la part de l’EFTP dans le total de l’enseignement secondaire en passant de 33% en 2018 à 40% en 2022 (Plan de Transition du Secteur de l’Education et de la Formation, PTSEF, 2020-2022).
4Ainsi, l’adoption en 2006 de la politique sectorielle de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle et Technique (EFPT) a marqué un tournant historique en matière de l’adaptation de l’offre à la demande. Ainsi, la définition de l’offre de formation est encadrée selon les besoins de l’économie et de développement. A partir de 2014, la nécessité de renforcer la prise en compte des spécificités locales a conduit les autorités politiques à instaurer la réforme des Centre de Formation aux Métiers (CFM). Dans ce contexte, les collectivités locales deviennent le niveau privilégié de la mise en œuvre de la formation professionnelle des jeunes.
5En quoi l’apport du CFM peut-il être un vecteur de développement des compétences et d’insertion professionnelle des jeunes de la commune rurale de Koré Maïroua ?
6L’objectif visé à travers cette étude est de mieux comprendre l’initiative de la formation professionnelle dans les Centres de Formations aux Métiers (CFM) ainsi que les opportunités qu’elle offre notamment en termes de l’insertion professionnelle des jeunes de la commune rurale de Koré Maïroua. En d’autres termes, cette recherche explore les liens entre l’offre de formation et les besoins au niveau local ainsi que ses implications sur la transformation de l’économie locale. Il est également question d’analyser le processus de développement des compétences et le devenir des formés du CFM de la commune rurale de Koré Maïroua.
Méthodologie
7La méthodologie sur laquelle ce travail est fondé renvoie au matériau qui gouverne la méthode qualitative. En effet, la collecte des données a été faite en deux phases. Une première phase du 01 janvier au 15 septembre 2022 à Koré Maïroua. Et une seconde étape, du 05 juillet au 30 décembre 2023 qui a permis de confirmer mais aussi, d’infirmer certaines données afin de s’assurer de leur exactitude et éventuellement de leur complétude.
Échantillonnage
8Cette partie aborde le choix de la technique d’échantillonnage non probabiliste qui tient lieu de l’approche qualitative adoptée. La procédure de la sélection des unités d’échantillon s’appuie sur deux techniques d’échantillonnage : il s’agit de l’échantillon typique ou « par choix raisonné » et l’échantillon « boule de neige ». Le choix de la première technique se justifie par la diversité des caractéristiques des acteurs concernés au sujet de la formation aux métiers qui se recoupent autour de quatre filières différentes. Le recours à la deuxième technique s’explique au regard de l’éparpillement de la population des jeunes en fin de formation, en quête d’insertion professionnelle ou en situation de reconversion professionnelle. A cela s’ajoute, l’absence d’une base de données susceptible de faciliter le suivi post-formation des jeunes formés.
Processus de collecte des données
9La population concernée par cette étude est composée des personnes suivantes : les autorités communales et coutumières, les formateurs, les apprenants, le personnel de l’Agence National pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) et les responsables de CFM. Les données mises en avant sont la résultante d’interaction avec les différents acteurs. C’est ainsi que plusieurs thématiques ont été discutées en lien avec les objectifs et les questions de recherche. De même, pour répondre au besoin de la triangulation des données, nous avons multiplié et diversifié les répondants selon leurs différentes caractéristiques.
Le tableau ci-dessous présente les catégories interviewées.
Profil des enquêtés |
Nombre de cible touchée |
Autorité locale |
1 |
Autorité traditionnelle |
1 |
Acteurs institutionnels |
2 |
Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi (ANPE) |
1 |
Directeurs du CFM de Koré Maïroua |
2 |
Formateurs-encadreurs |
4 |
Maitres-artisans |
4 |
Apprenants (en formation) |
20 |
Apprenants (en fin de formation) |
10 |
Parents des apprenants |
5 |
Total des entretiens réalisés |
50 |
Source : données de terrain, juin 2023
Traitement et analyse des données
10L’analyse et l’interprétation des données qualitatives impliquent des opérations et techniques permettant l’examen des informations collectées en vue de la construction du sens (P. Paillé et A. Mucchielli, 2016). Ces procédés se sont déroulés de manière itérative, suivant une démarche d’aller et retour qui a permis de renforcer la validité des paramètres analytiques.
11Concrètement, le travail a consisté dans un premier temps à la transcription des entretiens réalisés. Ce qui a permis d’agencer et de regrouper plusieurs idées fortes suivant les questions et thématiques élaborées. Par la suite, les différents items ont fait l’objet d’un recoupement dans la perspective d’établir les liens de convergences et de divergences observés. Ce faisant, les différents aspects structurés ont été articulés et argumentés suivant la logique de pertinence qui permet une meilleure compréhension de la formation professionnelle locale au Niger.
Résultats
Développement de la formation professionnelle, un regain d’intérêt
12Les années 1990, marquent la fin du recrutement direct à la fonction publique limitant ainsi les opportunités d’absorption des jeunes diplômés au Niger (I. Issa, 2014). Cette période a été particulièrement marquée par les effets de la crise économique et les programmes d’ajustements structurels ayant occasionné le chômage de masse. Pour sa part, L. Amri, (2021) citant Mongi, (1992) a montré que, les problèmes d’accès à l’emploi ont commencé à partir du moment où « la capacité de formation a commencé à dépasser celle d’embauche ». Cela met en évidence la situation actuelle du marché de l’emploi de plus en plus exigeant malgré la forte demande des jeunes qui peinent à trouver un emploi, notamment par manque de qualifications requises.
13Cependant, la forte exigence du marché de l’emploi ainsi que la faible employabilité des sortants des formations académiques ont suscité un regain au profit des formations qui offrent des compétences professionnelles. Dès lors, la formation professionnelle est appréhendée comme étant un outil indispensable permettant d’offrir aux jeunes des qualifications et des opportunités d’accès à l’emploi (CUA, 2014). Elle tient de ce fait une place centrale dans le développement des compétences qui constituent l’élément essentiel de la compétitivité entre les diplômés (I. Issoufou, 2014).
14Au Niger, le déploiement d’une formation professionnelle de base s’inscrit dans la priorité politique de garantir un meilleur accès aux formations professionnalisantes et contribuer à réduire le chômage des jeunes. Cette disposition est particulièrement utile pour le sous-secteur de formation professionnelle, du fait qu’elle permet d’améliorer l’offre, notamment « (…) en réponse au caractère trop général et à l’insuffisance de l’éducation formelle de base en formation pratique polyvalente et adaptée aux besoins des communautés de base (…) » (Stratégie de Développement Accéléré et de Réduction de la Pauvreté, SDRP, 2008-2012, p.97).
15C’est dans cette logique que l’Etat a institué depuis 2012 le transfert des compétences et des ressources aux collectivités territoriales dans la délivrance de certains services publics. Ainsi, la promotion de la formation professionnelle locale a abouti à la création des CFM. Cela a marqué le début de développement des formations professionnalisantes dans les collectivités locales en faveur des jeunes non scolarisés et déscolarisés.
Le Centre de Formation aux Métiers, un dispositif d’insertion professionnelle
16La promotion de la formation professionnelle de proximité tient à la nécessité de définir un nouveau maillage de l’offre sur l’ensemble du territoire national. Ce choix émane de la volonté politique de l’Etat de doter toutes les municipalités du pays d’un dispositif local de formation professionnelle. Ce qui s’inscrit dans la perspective de pallier les contraintes d’une offre inégalement répartie au plan national, beaucoup plus centrée dans les zones urbaines.
17Il s’agit en effet d’optimiser cette offre afin d’améliorer l’accès aux apprentissages pratiques et l’acquisition des qualifications professionnelles chez les jeunes.
18C’est ce qui a donné lieu au modèle des CFM promu afin de prendre en charge la formation des jeunes déscolarisés et non scolarisés particulièrement dans les communes. Cette perspective cadre avec l’ambition de redynamiser la formation professionnelle en faveur de l’employabilité des jeunes et de développement local. C’est en ce sens qu’un acteur institutionnel à Niamey explique que :
« L’initiative de placer les CFM au niveau communal s’inscrit dans la logique d’aider les communes à faire des centres de formation aux métiers un outil de développement local » (Entretien du 08/03/2022, avec un responsable du MET/FP à Niamey).
19Cette vision s’appuie sur le fait que l’échelon communal est un espace de proximité qui favorise le rapprochement du système d’éducation à des milieux économiques (P. Casella, 2005) en tant qu’instance officielle des pouvoirs locaux et des partenaires au développement (J-P, Olivier de Sardan, 2009). Dans ces conditions, les communes jouent la fonction essentielle de structurer une offre de formation adaptée, répondant aux besoins de l’économie locale et des populations. Elles prennent l’initiative de modeler les centres à leurs réalités et besoins spécifiques. En réalité, l’adaptation de l’offre tient à la définition des métiers répondant aux besoins de la collectivité locale. C’est en ce sens qu’un administrateur du centre témoigne que :
« A Koré Maïroua, les différentes filières enseignées dans le CFM ont été identifiées et proposées par la mairie elle-même. C’est elle qui les définisse et les adaptent suivant les besoins de la localité » (entretien du 01-03-2022 avec l’ancien directeur du CFM de Koré Maïroua à Niamey).
20C’est dans cette perspective que la décentralisation de la formation engage les collectivités locales pour la gestion communautaire des centres en matière de Formation Professionnelle Continue et d’Apprentissage (article 2) 1. Cette nouvelle orientation a favorisé la mise en place des CFM dans les collectivités territoriales pour rapprocher des formations professionnelles au niveau local. En effet, l’arrêté du 12 septembre 2014 portant changement de dénomination des Centres de Formation en Développement Communautaire (CFDC) ayant permis d’ériger les CFDC en CFM marque une étape déterminante dans le processus de développement des apprentissages pratiques. Cette décision cadre aussi avec la volonté de pallier le problème de tutelle pédagogique au niveau des CFDC. Bien qu’à l’époque, la formation professionnelle est prise en charge par le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur, de la Recherche et de la Technologie (MESS/R/T), force est de constater que les CFDC sont restés dans un cadre de l’éducation non formelle. L’adoption de la politique sectorielle en 2006 a permis de passer en revue le concept des CFDC. Ainsi, le transfert du volet Alphabétisation (sous la direction de la DGAEF) du Ministère de l’Education Nationale (MEN) au Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Alphabétisation (MFP/A) en 2010, a permis de donner un nouveau visage aux CFDC. Ainsi, à partir de 2014, les CFDC sont transformés en CFM, passant du cadre non formel au dispositif formel de la formation professionnelle des jeunes.
21Dans sa mise en œuvre, l’organisation et le pilotage d’un CFM reste sous la responsabilité technique du MEP/T mais, la gestion administrative est la responsabilité de la commune. Ce point de vue est soutenu davantage par les propos d’un élu local qui confesse ce qui suit :
« Depuis la création des Centres de Formation aux Métiers, l’Etat nous a légué la pleine responsabilité de gestion des centres. L’Etat et ses partenaires viennent seulement en appui aux autorités locales (la commune) » (Entretien du 21/09/2022 avec un élu local de Koré Maïroua).
Contraintes d’un dispositif local mal adapté
22La formation des jeunes dans le CFM de Koré Maïroua revêt des contraintes multiples ne permettant pas de garantir une formation de qualité. D’abord, les qualifications de nombreux encadreurs et formateurs dans les CFM laissent à désirer parce qu’elles reposent généralement sur des formations de courte durée. En effet, le manque de qualification de certains formateurs dans le sous-secteur est préoccupant dans la mesure où de nombreux contractuels recrutés pour le compte des CFM ne possèdent pas de diplôme professionnel.
« Ce sont des gens qui sont formés par des ONG dont la formation est sanctionnée par une simple attestation de formation. Dans beaucoup de cas, ce sont eux qui deviennent formateurs dans les CFM » (entretien avec 11-09-2022 avec un responsable du MET/FP à Niamey).
23De plus, le problème de qualification des formateurs et encadreurs s’explique par l’absence d’un dispositif national voire d’une école spécialisée de formation des formateurs. De même, l’effectif pléthorique des apprenants et les préoccupations récurrentes de l’insuffisance de la matière d’œuvre et équipements nécessaires à la pratique restent des défis importants qui affectent la qualité de la formation aux métiers. Or, la réussir de la formation professionnelle nécessite non seulement des formateurs de qualité mais aussi des équipements et matériels adéquats.
« La formation professionnelle exige le respect de certaines normes telles que les ratios apprenants/formateurs, les ratios apprenants/équipements, les ratios apprenants/matériels, les rations apprenants/matière d’œuvre. Il faut que toutes ces normes soient respectées si on veut voir de la qualité. Mais cela serait difficile avec le nombre croissant des apprenants qui s’inscrivent chaque année. Donc, même si l’Etat a le devoir de les prendre, il n’a pas toujours les moyens de prendre tout le monde en charge » (entretien avec 11-09-2022 avec un responsable du MET/FP à Niamey).
24L’une des difficultés majeures au stage professionnel se rapportent d’abord à la qualification professionnelle du maitre artisan. A cet effet, le constat fait ressortir qu’en majorité, ces derniers ne disposent aussi pas de formation basique. Leurs compétences sont généralement basées sur des formations de courte durée ou d’une expérience fondée sur l’apprentissage sur le tas. De ce fait, l’absence d’une base théorique chez les MA2 favorise des écarts de compréhension avec les apprenants dans le langage technique et les procédés d’application.
« Sur le terrain de la pratique, on rencontre des difficultés auprès des maitres artisans qui ont acquis leurs compétences sur le tas, sans base théorique, avec ce genre d’encadreurs, les apprenants n’ont toujours pas la chance de faire des applications sur la base de ce qu’ils ont appris au centre » (entretien du 26-09-2022 avec un formateur en EF 3à Koré Maïroua).
25C’est le cas des illustrations ci-après concernant la mécanique rurale et la couture :
« Par exemple, pour chercher ou acheter une pièce à remplacer pour une moto tombée en panne, celui qui n’a pas été formé au centre va toujours tâtonner. Le plus souvent, ce sont des allers et retours chez le vendeur avant d’identifier la vraie pièce correspondante. Mais les apprenants n’ont pas cette difficulté, ils maitrisent les petites nuances » (entretien du 27-09-2022 avec un apprenant en MR4 à Koré Maïroua).
« La différence entre nous (qui ont appris la couture sur le tas) et ces jeunes (formés par le CFM) est que, nous demandons au client d’apporter une de ses chemises, par exemple, pour prendre les mesures. Ces jeunes dépassent ce stade, ils peuvent prendre directement les mesures de la cliente » (Entretien du 25-09-2022 avec une parente d’apprenant à Badifa)
26La qualité des apprentissages dans les ateliers est aussi fonction de la fréquence des travaux au moment du stage, de la disponibilité d’outillage technique et de la matière d’œuvre. C’est pourquoi, bien que les ateliers aient pour objectifs de fournir une formation complémentaire aux apprenants, le constat montre des disparités dans le champ de la pratique. De ce fait, les apprentis courent le risque de ne pas faire des applications nécessaires durant leur stage. Dans ces conditions, l’apprenti est obligé de suivre le rythme et les activités de l’atelier qui dépendent de la disponibilité du marché. A ce sujet, un formateur rapporte que :
« Imaginez par exemple un apprenti qu’on amène à Boureimi pour son stage, celui-ci n’aura pas la même performance qu’à celui qui fait son stage ici à Koré. Puisqu’ici à Koré, il y a beaucoup d’activités dans les ateliers » (Entretien du 23-09-2022 avec un formateur en CM 5à Koré Maïroua).
L’employabilité des formés
27L’une des préoccupations relatives au développement de la formation professionnelle consiste à promouvoir l’auto-emploi des formés. L’analyse des perceptions sur le parcours des apprenants issus du CFM de Koré Maïroua révèle que leur insertion professionnelle est une perspective à long terme. En effet, les compétences pratiques acquises par les apprenants semblent limiter les perspectives d’auto-emploi des formés car l’exercice d’un métier suppose de solides compétences dont la seule la formation initiale du CFM ne saurait garantir. Cette dernière nécessite un apprentissage continu permettant de compléter les compétences des formés afin d’être aptes à exercer une carrière dans un métier donné. Mais, il convient de souligner que les différentes filières n’ont pas les mêmes réalités et n’offrent pas les mêmes opportunités entrepreneuriales. Autrement-dit, les temps d’apprentissage et les moyens à mobiliser pour la création d’un atelier varie d’une filière à une autre, d’un métier à un autre. C’est dans ce cadre que certains estiment les deux ans de formation insuffisants en ce qu’ils ne permettent guère d’acquérir les compétences nécessaires pour exercer de manière autonome un métier. Pour beaucoup d’acteurs, cette situation concerne particulièrement les métiers de la menuiserie bois et de la construction métallique du fait qu’elles exigent plus du temps d’apprentissage et plus de moyens financiers pour le démarrage de l’activité.
Les contraintes à l’auto-emploi des formés
28A la fin de la formation, nombreux sont les apprenants qui peinent à concrétiser leurs ambitions de créer un atelier. Plusieurs raisons concourent à expliquer la problématique de l’insertion professionnelle des jeunes formés dans le CFM de la commune rurale de Koré Maïroua. En effet, les contraintes à l’auto-emploi sont liées principalement à la faible qualité de la formation, au manque et/ou l’inadaptation d’appui post-formation.
Les barrières des compétences et des ressources
29La faible qualité de la formation se traduit par la non-maitrise de la compétence nécessaire à l’auto-emploi des sortants. C’est donc cette faible maitrise des compétences qui développe chez les formés, le sentiment d’incapacité et les démotivent à s’engager dans l’exercice d’un métier. Cet état de fait laisse comprendre que le doute par rapport à la compétence réduit les chances de la réussite professionnelle des sortants. C’est ce que traduit l’assentiment d’un acteur éducatif en ces propos :
« Les problèmes de la qualité de la formation dans les CFM sont évidents qu’aujourd’hui, les produits qui y sortent, eux-mêmes, ne veulent pas aller exercer un métier sans un tuteur ». (Entretien avec 11-09-2022 avec un responsable du MET/FP à Niamey)
30En revanche, même si cette faible maitrise des compétences est considérée comme un frein à l’auto-emploi des sortants à court terme, force est de constater que la compétence acquise demeure un levier important qui peut servir de passerelle à l’insertion professionnelle à plus ou moins moyen et long termes. C’est en ce sens que le CFM est appréhendé comme un pont qui permet aux jeunes de traverser les difficultés d’accès aux qualifications et en améliore leur l’employabilité. A cela viennent s’ajouter les difficultés relatives à l’acquisition des matériels et équipements. Pour certains, cette contrainte pourrait s’expliquer eu égard au coût élevé de l’outillage professionnel dans certains métiers. Pour d’autres, ce sont plutôt la faible motivation entrepreneuriale de certains et la faible demande locale dans certains métiers qui expliquent la réticence des sortants à mettre en place un atelier. Ce handicap est aussi la conséquence de l’absence ou la faiblesse des mesures d’accompagnement des sortants. Or, l’accompagnement des jeunes occupe une place non négligeable en matière de l’insertion professionnelle. Néanmoins, l’approche visant à soutenir les sortants à travers des kits de démarrage promue généralement par les partenaires au développement parait inefficace car ne favorise pas toujours l’insertion jeunes. Cette approche s’est avérée inadaptée du fait qu’elle entraine souvent un détournement d’objectif. Dans la réalité, les bénéficiaires des kits de démarrage, au lieu de s’en servir pour l’accomplissement de leurs projets professionnels, ont tendance à l’utiliser à d’autres fins. Parmi eux, nombreux sont ceux qui entrevoient la vente des kits de démarrage comme un moyen permettant de solutionner certains de leurs besoins pressants ou même de s’en servir comme fonds à l’accomplissement d’autres activités économiques. De ce fait, les kits de démarrage, au lieu d’encourager l’auto-emploi des jeunes favorisent le basculement vers d’autres projets et activités génératrices de revenus.
31Pourtant, l’approche d’accompagnement des formés offre l’opportunité d’installation et les chances entrepreneuriales aux jeunes. Poursuivant les mêmes objectifs d’accompagnement des jeunes dans les collectivités locales, le PRODEC6 a promu une stratégie d’accompagnement des sortants sous forme de cash transfert. D’une valeur de 250.000 FCFA par apprenant, ce soutien concerne l’ensemble des admis des différentes filières de formation. Le caractère homogène de cet appui semble négliger les spécificités des métiers traduisant une iniquité qui ne permet pas à tous les bénéficiaires de pourvoir s’installer. En effet, cette somme forfaitaire ne couvre pas les besoins financiers d’acquisition de matériels et équipements nécessaires dans certains métiers et dépasse les besoins des autres. De ce fait, la prise en compte des spécificités des différentes métiers pour mieux orienter les formés à démarrer leurs activités. C’est à juste titre qu’un formateur dénonce :
« En tant que technicien, nous pensons que l’accompagnement des jeunes par le partenaire (PRODEC) n’est pas équitable puisque, les filières n’ont pas les mêmes besoins. On sait qu’en MR, avec 100.000 F, on peut s’installer. De même, avec 100.000 F on peut démarrer en EF et en MB. Mais, en CM, avec une telle somme, on peut qu’acheter, peut-être, un poste à soudure » (Entretien avec 23-09-2022 avec un formateur en CM à Koré Maïroua).
32En outre, l’une des faiblesses a été le manque d’un programme dédié à l’accompagnement au niveau du ministère de tutelle de la formation professionnelle. Ceci est vécu comme un véritable handicap à l’auto-emploi des sortants du CFM. C’est ce qui fait dire un acteur éducatif souligne que :
« Le ministère de l’enseignement et la formation professionnels et techniques n’a pas pour vocation d’assurer l’insertion professionnelle des sortant mais il l’accompagne » (Entretien du 07/03/2024 avec un responsable du MEFTP à Niamey).
33Par ailleurs, la concurrence avec le marché transfrontalier notamment la proximité de la commune avec le Nigéria (Tambo, Kanguiwa et Sokoto) démotive certains sortants désireux de valoir leur savoir-faire par la création d’un atelier. Cet état de fait pose deux contraintes majeures à l’essor de l’entrepreneuriat local. Dans un premier temps, le constat montre un problème d’acceptation sociale des compétences locales où les populations ont tendance à sous-estimer les capacités et les qualifications des artisans locaux. Pour certains, cette réalité peut être expliquer du fait qu’ils n’ont pas les capacités financières de réaliser des ouvrages et les exposer en vue d’en faire le markéting car, c’est en cela qu’ils jugent la preuve évidente d’une compétence pratique. Pour d’autres, elle est plutôt liée au coût élevé des produits et prestations de services comparativement aux produits du Nigéria voisin. Cette situation constitue un facteur décourageant chez les jeunes en fin de formation qui souhaitent valoriser leur savoir-faire. C’est pourquoi, un formateur souligne ce qui suit :
« Je m’inquiète beaucoup par rapport à l’exercice d’un métier au village. Malgré la forte demande concernant la menuiserie, les populations préfèrent se procurer leurs meubles à Sokoto, au Nigéria. Les gens sont peu confiants par rapport aux compétences des artisans locaux à plus forte raison, l’apprenant qui vient juste d’achever sa formation » (Entretien du 26-09-2022 avec un maitre-artisan en MB à Koré Maïroua).
34C’est pourquoi, certains jeunes formés en MB se voient contraints de s’orienter vers les centres villes où ils estiment l’environnement des affaires et d’acquisition des compétences plus promoteur. Néanmoins, cette concurrence apparait plus préoccupante dans le métier de la menuiserie bois du fait des facilités d’acquisition notamment des meubles à des prix relativement compétitifs. Cette forme de concurrence est quasiment absente dans les métiers de la construction métallique, de la couture et de la mécanique rurale.
« Le jeune qui apprend la réparation des motos (mécanique rurale), avec un peu de moyen, il pouvait s’installer car l’acquisition de l’outillage de démarrage est généralement supportable. S’il s’y met, il peut gagner beaucoup parce qu’il y a une demande importante dans la commune » (Entretien du 27-09-2022 avec un parent d’apprenant à Koré Maïroua).
35En ce qui concerne la CM, les difficultés sont beaucoup plus liées au cout élevé du kits de démarrage comme le souligne un formateur :
« Le gros problème, c’est la construction métallique. Pour ouvrir un atelier, il faut environ 1 million de FCFA. Il faut un local, un compteur Nigelec, et d’autres sources d’énergie comme un groupe électrogène, un poste à soudure, et plein de matériels. C’est pourquoi, les nombreux apprenants formés » (Entretien du 23-09-2022 avec un formateur en CM à Koré Maïroua).
Discussion : Enjeux de la formation professionnelle locale
36Si l’initiative des CFM s’inscrit dans la logique du développement local, son appropriation par les autorités locales constitue un vecteur capital qui permet de mieux placer le centre au service de la collectivité. Pourtant, dans les faits, les perceptions recueillies montrent que le CFM de Koré Maïroua n’est pas suffisamment appréhendé comme une potentialité économique. C’est ce qu’explique un élu local en ces propos :
« Le CFM est une potentialité mais, on l’exploite mal » (Entretien du 21-09-2022 avec un élu local de la commune rurale de Koré Maïroua).
37L’absence d’initiatives au niveau local destinées à promouvoir le CFM ainsi que la valorisation des compétences formées est un obstacle majeur à l’essor de la formation professionnelle locale. De ce point de vue, la faible appropriation dudit centre par les autorités locales peut limiter les effets attendus de la mise en place des CFM dans les collectivités locales. Cet état de fait est décrit par un formateur :
38« Le CFM est créé pour que les besoins de la commune soient pris en compte par le centre. Mais, imaginez comment la mairie donne la commande publique aux ateliers privés alors que le centre, c’est pour eux. Rien que pour la réparation des tables bancs, si la mairie fournit même la matière d’œuvre, le centre peut faire ce travail » (Entretien du 23-09-2022 avec un formateur en CM à Koré Maïroua).
39L’octroi de certaines commandes publiques au CFM de la commune est perçue comme une solution prometteuse à l’amélioration des compétences pratiques des formés. Ce faisant, la mairie crée le cadre d’une formation continue aux jeunes formés par le centre mais aussi elle ouvre la voie à une meilleure intégration socio-professionnelle des jeunes formés. En effet, pour la plupart des enquêtés, les mesures d’accompagnement visant la valorisation des compétences locales est nécessaire en ce qu’elles permettent de renforcer la résilience des formés et en même temps, de faire face aux défis de la maitrise des compétences. Le manque d’initiatives locales dans ce sens n’est pas sans conséquence sur les possibilités d’auto-emploi ou de l’insertion professionnelle des formés. Ainsi, lorsque les formés ne parviennent à s’insérer dans la vie active, il arrive que cela conduise certains à des comportements de déviance. A ce sujet, un acteur interviewé témoigne :
« Par exemple, nous avons actuellement deux apprenants en fin de formation qui sont devenus de véritables voleurs, par manque d’appui post-formation. Ces derniers ont d’ores et déjà orchestrés plusieurs vols. Pour cela, ils sont passés à la Gendarmerie, au Commissariat et même devant le juge » (Entretien du 21-09-2022 avec le directeur du CFM de Koré Maïroua).
40La formation aux métiers des jeunes, pour être efficace, doit veiller à la préparation des sortants à la vie professionnelle en vue de mieux satisfaire les attentes sociales vis-à-vis du centre. De même, la concrétisation des avantages espérés par la réforme des CFM nécessite des actions de renforcement des compétences et le transfert des ressources y afférentes aux collectivités locales. C’est pourquoi, il est important de s’interroger, en lien avec la délégation de pouvoir aux communes, sur les moyens et compétences techniques dont elles disposent pour assumer la responsabilité de la gestion locale des CFM.
41L’observation des pratiques montre une faible compétence des collectivités locales, ce qui ne leur permet pas de mieux assumer les compétences transférées. Cette faible compétence pourrait s’expliquer à la fois par la centralisation qui caractérise la gestion des affaires publiques mais aussi par le manque ou l’insuffisance de renforcement des compétences des collectivités territoriales. L’absence de ces actions spécifiques visant la mise à niveau des collectivités territoriales constitue un obstacle au processus de la décentralisation ainsi qu’à l’efficacité de l’action publique locale. Aussi, l’une des contraintes majeures à l’inefficacité des politiques décentralisées est liée à la gestion plus centralisée des affaires publiques locales qui assujettit le développement à la base. Cela conforte l’analyse de L. Mallet (2006) sur la décentralisation de l’éducation qui a démontré que la volonté de l’Etat central de maintenir le contrôle des interventions publiques prive les collectivités locales des moyens institutionnels nécessaires permettant de mieux assumer leurs responsabilités. En outre, les actions de renforcement des capacités des collectivités territoriales semblent être plus assurées par les partenaires au développement. Le financement des partenaires au développement dans ce domaine est particulièrement très étroit avec une couverture limitée et orientée en fonction de leurs champs d’intérêt. Ainsi :
« Depuis le transfert de quelques compétences dans le domaine de l’éducation, nous avons initié l’idée de renforcer les compétences des collectivités. Malheureusement, le financement obtenu était limité uniquement aux régions d’intervention du bailleur. C’était les régions de Dosso, Maradi Niamey et Zinder. Là aussi, au moment où nous avons acquis ce financement, on était obligé de sélectionner deux régions (Dosso et Zinder) parmi les quatre parce que les moyens ne pouvaient pas couvrir toute la zone d’intervention. Finalement, c’est seulement le conseil régional et une commune dans chacune de ces deux régions qui ont bénéficié du renforcement des compétences » (Entretien du 07-03-2024 avec un responsable du MET/FP à Niamey).
42Aussi, tout comme le problème des compétences, le transfert des ressources aux collectivités territoriales pose les difficultés du dispositif mis en place à cet effet. Le dispositif en question parait inadapté dans le domaine de l’éducation en général et de la formation professionnelle et technique en particulier.
Encadré N°1 : problématique de transfert des ressources aux collectivités locales
43La planification budgétaire au niveau du ministère de tutelle prend en compte le paramètre de transfert des ressources. C’est pourquoi, depuis un certain temps, nous avons décidé que l’enveloppe dédiées aux collectivités soit effectivement transférée aux régions et aux communes à travers l’agence que l’Etat crée (l’ANFICT). Malheureusement, on a rencontré des difficultés parce que l’ANFICT s’est prononcée incompétente par rapport au transfert des ressources en régions particulièrement dans le domaine des activités SOFT. Elle ne travaille que sur des infrastructures et les équipements. Ce qui relève de la formation et autres n’est pas pris en charge. Finalement, ces ressources ne sont pas transférées, elles ont été reversées parce qu’il n’y a pas un autre dispositif (Entretien du 07-03-2024 avec un responsable du MET/FP à Niamey).
44En plus, l’absence d’éducation à l’entrepreneuriat dans le système du CFM explique en partie la faible motivation des formés à exercer un métier. Cette perception corrobore les conclusions de S. Abdennadher et S. Boudabbous (2014) qui stipulent que le parcours scolaire constitue un facteur déterminant qui permet de développer aux élèves des aptitudes favorables à l’esprit d’entreprendre. En effet, l’éducation à l’entrepreneuriat dans le système de la formation des CFM est particulièrement utile en ce qu’elle permet de stimuler les intentions des jeunes à valoriser leurs acquis professionnels dans le sens entrepreneurial ou d’auto-emploi. De ce fait, l’introduction des cours en entrepreneuriat des jeunes à côté de la formation professionnelle contribuera à améliorer la réussite professionnelle des sortants.
45De plus, bien que le CFM ait été initié pour servir la communauté locale, il n’en demeure pas moins que de nombreux formés ambitionnent continuer leurs apprentissages dans un cycle supérieur. Donc, le fait qu’il n’y a pas de pont entre les CFM et d’autres établissements de formation limite les jeunes désireux de poursuivre l’apprentissage. Cela pourrait s’expliquer par le caractère professionnalisant de la formation dans les CFM ayant pour objectif d’initier les formés à la vie active et à la pratique d’un métier. Cette idée cadre avec la perception qui avance que :
« Le CFM ne doit pas former quelqu’un qui, après avoir fini sa formation, il plie bagage pour aller chercher un travail ailleurs, c’est n’est pas ça l’idée » (Entretien du 21-09-2022 avec un élu local de la commune).
46Ainsi, les possibilités de la continuité des apprentissages des sortants du CFM pourrait être un palliatif aux échecs des parcours précoces en matière d’acquisition des compétences professionnelles mais aussi comme une alternative aux problèmes de la maitrise des compétences, contrainte évidente à l’auto-emploi des sortants.
Conclusion
47L’implémentation des CFM dans les collectivités locales est une approche composite qui vise le renforcement du maillage territorial de la formation professionnelle, l’amélioration de l’employabilité des jeunes et la promotion du développement local. Le transfert des compétences aux communes dans l’administration des CFM a favorisé le développement d’une offre décentralisée axée sur la prise en compte des priorités locales.
48Dans la commune rurale de Koré Maïroua, cette réforme s’est marquée par le développement des compétences chez les jeunes dans divers métiers. Ainsi, la disponibilité des compétences et qualifications au niveau local a facilité la prise en charge d’un certain nombre de services faiblement couverts ou absents auparavant dans la localité.
49Bien que la formation aux métiers ait permis de développer les compétences des jeunes, l’insertion professionnelle des sortants du CFM de Koré Maïroua reste un processus particulièrement limité. Il est conditionné par l’acquisition d’une formation continue qui permet la maitrise de compétence dans les différents métiers. Pour ce faire, les sortants ont su développer des stratégies alternatives de consolidation des acquis professionnels à travers des stages de perfectionnement au niveau local et mieux, dans les centres urbains. Ce parcours d’apprentissage sert de palliatif au problème de la faible maitrise des compétences, facilitant la marche vers l’insertion professionnelle des formés.
50Néanmoins, la préoccupation de la faible qualité de formation continue particulièrement au niveau local nécessite des actions plus concertées au sein de la collectivité à travers des initiatives locales pour la valorisation des compétences et l’insertion socioprofessionnelle des formés. Toutefois, il faut souligner que les différents métiers n’offrent pas les mêmes chances entrepreneuriales du fait que la demande de services varie d’un métier à un autre.
Bibliographie
ABDENNADHER Sarhan et BOUDABBOUS Sami, 2014, « Rôle du parcours scolaire dans l’acte entrepreneurial : cas du contexte tunisien », in Recherches et éducations, pp.147-162, http://journals.openedition.org/rechercheseducations/2284, consulté le 07 février 2020.
AMRI Laroussi, 2021, L’insertion professionnelle, problèmes, solutions et alternatives, Les ouvrages du CRASC, pp. 37-61.
CAMARA Kandia, 2015, « Bâtir une société du savoir : les enjeux de l’éducation et de la formation en Afrique », in Géoéconomie, N°76, pp. 169-181.
Commission de l’Union Africaine, 2014, Stratégie Continentale pour l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle (EFTP) en faveur de l’emploi des jeunes, Malabo 26-27 Juin 2014, 27 pages.
ISSOUFOU Issa, 2019, « La problématique de l’insertion professionnelle au Niger : une analyse rétrospective de l’expérience des diplômés de promotion 2012, 2013 et 2014 d’un centre de la ville de Zinder », in Liens Nouvelle Série, pp. 118-129.
ORIANNE Jean-François et REMY Céline, 2010, « Formation professionnelle et approche par les capacités », colloque « sur l’Employabilité : un défi pour les plus éloignés de l'emploi ? » Charleroi, Belgique, p.10.
PAILLE Pierre et MUCCHIELLI Alex, 2016, L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Armand Colin, 4ème édition.
République du Niger, 2006, Politique Sectorielle de l’Enseignement et de la Formation Professionnelles et Techniques.
République du Niger, Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF, 2014-2024), document de stratégie.
République du Niger, Stratégie de Développement accéléré et Réduction de la Pauvreté (SDRP, 2008-2012).
Notes
1 Arrêté N° 0174 MEP/T/SG/DGEF/DFPCA du 15 aout 2014 fixant les règles applicables aux centres de formation aux Métiers.
2 Maitre-Artisan
3 Economie Familiale
4 Menuiserie Bois
5 Construction Métallique
6 Projet de Développement des Compétences pour la Croissance
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Ibrahim MALAM MAMANE SANI
Université Abdou Moumouni
ibrahim.sani@uam.edu.ne
Quelques mots à propos de : Saminou YACOUBOU IBRAHIM
Université Abdou Moumouni
Saminoupm92@gmail.com
Quelques mots à propos de : Ibrahim MOUSSA
Université André Salifou, Zinder
moussaibrah@yahoo.fr