- accueil >
- Numéro >
- 39 ‖ JUIN 2024 >
39 ‖ JUIN 2024
La dégradation de la vie communautaire dans la préfecture de Yoto au Togo : des facteurs politiques aux dynamiques économiques et culturelles
Résumé
La vie communautaire dans les sociétés africaines tend à disparaître au moment où se développe l’individualisme. La communauté des Adja-Ewe de la préfecture de Yoto au Togo ne fait pas exception. L’article a pour but de déterminer les facteurs explicatifs de la dégradation de la vie communautaire au sein de cette communauté. L’analyse documentaire et les entretiens avec 20 personnes de la population cible ont permis de relever que le phénomène est dû à un faible ancrage du système démocratique qui se manifeste par l’accentuation des clivages politiques et la manipulation des institutions sociales traditionnelles à des fins politiques, la décollectivisation des besoins dans un contexte de rapports conflictuels entre les traditions et les religions importées ou héritées de la colonisation. La détermination de ces facteurs explicatifs ouvre des pistes pour faciliter la sauvegarde des atouts de valeurs tant recherchées de nos jours.
Abstract
Community life in African societies is tending to disappear as individualism develops. The Adja-Ewe community in Togo's Yoto prefecture is no exception. The aim of this article is to identify the factors that explain the deterioration of community life in this community. Documentary analysis and interviews with 20 members of the target population revealed that the phenomenon is due to the weak anchoring of the democratic system, manifested by the accentuation of political cleavages and the manipulation of traditional social institutions for political ends, the decollectivization of needs in a context of conflicting relations between traditions and religions imported or inherited from colonization. Identifying these explanatory factors opens up new avenues for safeguarding the value assets so much in demand today.
Table des matières
Texte intégral
pp.129-151
01/06/2024
Introduction
1L’Afrique, même si pour certains, n’a pas l’apanage du communautarisme (Kane, 1982, p.60), est reconnue comme une société communautaire (Senghor, 1961, p. 123) de sorte que dans la culture d’Afrique noire, les représentations collectives tiennent une place très importante (Ngatoukou, 2004, p. 26). Doo-Kingue sera plus radicale pour sa part en estimant que la notion de solidarité nationale contenue dans la justice sociale véhiculée par les principes démocratiques est consubstantielle à l’Afrique et est une marque distinctive de la société africaine traditionnelle (Doo-Kingue, 1999, p. 42). Mais force est de constater que depuis un certain temps, la vie communautaire tend à disparaître. Les appels au vivre ensemble au travers de conférences, de séances de formation et de sensibilisation en disent long (Paré-Kaboré, 2013, p. 15). On assiste donc à une dégradation de la vie communautaire marquée par un désintérêt manifeste aux activités communautaires, une disparition progressive des groupes d’entraide, l’affaiblissement de la solidarité et l’éclatement de la propriété collective.
2S’il est vrai que les sociétés humaines, selon le temps et l’espace, évoluent sur un continuum allant de l’extrême communautarisme à l’extrême individualisme (Paré-Kaboré, 2013, p. 17‑18), il n’en demeure pas moins vrai que les causes des mutations ne sauraient être universelles. Le passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique dans les pays occidentaux notamment en Europe a été expliqué par plusieurs théories dont l’une des plus retentissantes est la théorie de la division du travail social développée par Durkheim (2013). Or, les sociétés africaines n’ont à ce jour ni le même niveau de développement économique et technique, ni les mêmes réalités politiques encore moins la même révolution culturelle. C’est pourquoi il est nécessaire de rechercher les facteurs spécifiques qui sont à l’œuvre dans le relâchement du lien social au sein des communautés en Afrique. Tel est le but de ce travail quand l’on sait que pour retrouver le vivre ensemble recherché, ce "retour aux sources" tant souhaité depuis les années 1970 (Sicard, 1970, p. 388) et encore vivace de nos jours, il faut absolument passer par la recherche des causes.
3Nous partons sur l’hypothèse que la dégradation de la vie communautaire est le résultat non intentionnel d’actions individuelles intentionnelles des membres formant la communauté. A l’analyse, on s’aperçoit que les facteurs sont de divers ordres. L’Etat dans sa gestion s’est mal agencé sur les structures traditionnelles. La démocratie est galvaudée ; le système partisan est source de clivages importants et les institutions traditionnelles sont affaiblies par les questions politiques. Les dynamiques économiques ont, elles aussi, érodé la solidarité et la propriété collective. Les rapports conflictuels entre les religions importées et les traditions ont fait le lit à des divisions. Avant de revenir sur ces facteurs, nous ferons d’abord des précisions d’ordre théorique et méthodologique.
Approche théorique
4L’assise théorique de la présente analyse est la théorie des effets pervers de Boudon. Ce dernier définit les effets pervers comme des effets individuels ou collectifs qui résultent de la juxtaposition de comportements individuels sans être inclus dans les objectifs recherchés par les acteurs (Boudon, 1979, p. 5). Explicitant la théorie de Boudon, Wievorka (1981, p. 339) relève que dès que l’on quitte l’analyse fonctionnelle, il n’y a plus d’acteurs en relation directe, autour d’un enjeu, mais qu’il n’ y a que des stratégies individuelles dont la juxtaposition aboutit à des effets le plus souvent non désirés ou imprévisibles.
5Dans la plupart des pays d’Afrique, la communauté est fondée sur le partage des mêmes normes sociales, la soumission à une autorité, la réalisation de travaux communautaires au bénéfice de tous les membres de la communauté, des activités d’entraide, une identité culturelle et la propriété collective. L’envahissement du terrain communautaire par des données politiques qui lui étaient étrangères a contribué progressivement à désaxer la communauté par l’anéantissement de ses piliers. Le système politique démocratique avec ses exigences de multipartisme, si elle ne constitue pas un mal en soi, a profondément bouleversé dans sa pratique les structures traditionnelles des sociétés africaines. La notion même de démocratie, le système partisan, les élections, l’organisation politique et sociale ont sans doute eu une incidence sur la vie communautaire.
6La dégradation de la vie communautaire n’est pas un effet voulu, désiré, mais résulte d’un ensemble d’actes individuels face à certains enjeux et qui ont pour résultat l’affaiblissement de la cohésion sociale. C’est dans ce sens que la théorie des effets pervers offre une lecture appropriée du phénomène que nous nous proposons d’étudier.
Approche méthodologique
7Notre approche combine l’analyse qualitative notamment des entretiens individuels et l’analyse documentaire. Ce choix méthodologique offre l’avantage d’assurer une complémentarité entre les deux approches. Dans le cadre de l’approche qualitative, vingt (20) personnes ont été soumises à un entretien individuel. Ces personnes choisies en fonction de l’âge et des connaissances dans le domaine sont constituées de personnalités du monde politique, des autorités traditionnelles et religieuses, des responsables de comité villageois de développement ainsi que de simples citoyens. L’étude a porté sur la communauté Adja-Ewe de la préfecture de Yoto au Togo et c’est au sein de ladite communauté que les personnes ont été choisies pour les entretiens. En effet, communauté et territoire sont devenus depuis plusieurs générations déjà deux éléments indissociables en raison du fait que la sédentarité est, de nos jours, plus pratiquée que le nomadisme au sein des populations africaines. Le choix de la préfecture de Yoto est guidé par l’existence de facteurs représentatifs de la société togolaise sur les plans politique, économique et culturel et par le souci de rester fidèle à la notion même de communauté qui ne dit pas forcément espace étendu. La préfecture comporte au total douze (12) cantons où se trouvent essentiellement les ethnies Adja, Ewe et Ouatchi rassemblées dans le groupe linguistique appelé Adja - Ewe. L’enquête s’est déroulée dans les mois de novembre et décembre de l’année 2022. Les résultats issus des données recueillies au travers des entretiens sur le terrain sont présentés ainsi qu’il suit.
Présentation des résultats
8La recherche a montré l’existence d’un ensemble de facteurs qui sont à l’origine du phénomène. C’est ainsi que l’on a relevé une conception erronée de l’organisation politique démocratique, l’exacerbation des clivages politiques, l’affaiblissement des institutions sociales traditionnelles, la décollectivisation des besoins et des antagonismes nés des pratiques religieuses.
Conception erronée de l’organisation politique démocratique
9Issue de la philosophie des Lumières, la démocratie libérale est, en son sens propre, une idéologie du respect de la personne humaine, d’abord dans ses droits et ses choix fondamentaux, puis récemment dans sa dignité (Nzinzi, 2000, p. 72). Selon Hugon, l'Africain a tendance à ne retenir du colonialisme que la forme juridique, l'enveloppe formelle et non l'essence technique (Hugon, 1967, p. 706). On peut en dire autant pour la démocratie telle que les Etats indépendants l’ont héritée du colonisateur et la pratique. La démocratie n’a pas encore fait l’objet d’appropriation dans son essence technique autant par les élites politiques africaines que par le bas peuple. Nzinzi en conclut qu’en Afrique, au lieu qu’il y ait réception de l’expérience démocratique, il y a plutôt « adaptation », c’est-à-dire édulcoration ou falsification en expérience idéologique (Nzinzi, 2000, p. 73). Cette situation représente l’une des causes de la dégradation de la vie communautaire.
10En effet, après les indépendances, les populations africaines se sont retrouvées face à l’autoritarisme des régimes qui ont succédé aux colons et n’ont pas obtenu la libération par rapport à la domination que comportait la colonisation. Doo-Kingue (1999, p. 9) en dresse le portrait lorsqu’il écrit :
«Les populations africaines ont beaucoup trop souffert depuis des siècles, victimes qu’elles ont été de la traite des nègres, de la conquête coloniale et de l’impérialisme, ainsi que des mauvais traitements que leurs propres dirigeants leur ont infligé sous des régimes politiques autocratiques. L’absence de libertés politiques et les conséquences de politiques inappropriées menées par leurs gouvernements depuis les indépendances ont ajouté leur part de souffrances à celles déjà endurées par ces populations.»
11Le retour au pluralisme s’est accompagné d’une abondante proclamation des droits et libertés dans les nouvelles constitutions africaines qui en présentent de véritables chartes marquant une rupture d’avec le passé autoritaire des régimes africains (Guèye, 2009, p. 6). Ayant reconquis la démocratie et le pluralisme politique, la tendance vers une liberté à laquelle il ne peut avoir de limite est devenue grande. Pour beaucoup, les droits et libertés qui sont les corollaires de la démocratie sont synonymes d’une libération vis-à-vis des autorités tant politiques que traditionnelles qui tentaient de perpétuer les souffrances dont les populations voulaient être libérées. De la sorte, la participation aux activités communautaires est contestée. Interrogé sur sa participation aux activités communautaires, un enquêté déclare que « les activités communautaires sont moins fréquentes de nos jours. Lorsqu’on nous demande de sortir pour une activité, je ne participe plus vraiment. Dans tous les cas, nous sommes en démocratie ; je suis libre de participer ou de ne pas participer à une telle activité ».
12Cette attitude est assez répandue au sein de la communauté. En témoignent les déclarations d’un responsable d’un comité villageois de développement :
«Avant, quand le chef demande aux gens de sortir pour accomplir telle ou telle activité pour le bien de la communauté, on sortait nombreux. Mais, aujourd’hui tel n’est plus le cas. Les gens ne participent plus. Quand vous leur demandez pourquoi, ils vous répondent qu’ils sont en démocratie ; qu’ils sont libres de venir ou de ne pas venir. Nous n’avons aucun moyen pour les contraindre. Ce que nous faisions ensemble, les gens refusent de le faire maintenant.»
13Ces affirmations révèlent que les droits et libertés qui sont des fondements du système démocratique sont mal compris ou interprétés et sont sources de crises au sein des communautés. Ce que confirme Guèye lorsqu’il affirme qu’en matière de démocratie, les individus ne sont pas encore suffisamment éduqués (Guèye, 2009, p. 22). Au-delà de cette mauvaise appréhension, elle crée des différends de par des clivages politiques qu’elle engendre.
L’exacerbation des clivages politiques
14Le retour au régime démocratique dans les pays d’Afrique dont le Togo s’est naturellement accompagné du pluralisme politique. Guèye clarifie la notion en affirmant que le pluralisme renvoie à la diversité, à la liberté de choix et peut prendre plusieurs figures : politique, associative, religieuse, etc. (Guèye, 2009, p. 4). Mais le pluralisme dans sa pratique a exacerbé les clivages politiques devenus aussi une cause de la dégradation de la vie communautaire.
15Il faut d’abord souligner qu’en Afrique, la notion de partis politiques est une importation occidentale. Le premier parti politique en Afrique fut le True Whig Party libérien créé dans les années 1860 (Carbone et St-Sauveur, 2006, p. 19). Le système démocratique va de pair avec le pluralisme politique qui est apparu en Afrique à la fin des années 1950 et au début des années 1960 à la fin de l’époque coloniale (Carbone et St-Sauveur, 2006, p. 18). Abandonnée dans la plupart des pays par les régimes autoritaires parfois aux allures dictatoriales quelques années après les indépendances, la démocratie libérale a réapparu en Afrique au début des années 1990 (Guèye, 2009, p. 6‑7). Il implique forcément l’accession au pouvoir d’un parti et de facto l’existence d’une opposition. Or, le concept d’opposition est à la fois étranger et en désaccord avec la culture et les pratiques politiques africaines selon lesquelles le gouvernement fonctionnait par consensus et dans le même temps dans les langues africaines, le mot « opposition » est le même que « ennemi » (Obasanjo, 1987, p. 8). Cette conception demeure ancrée dans les communautés et constitue un obstacle à l’acceptation de l’autre dans ses convictions politiques contraires. C’est ainsi que la notion dans sa pratique au sein des populations de la préfecture de Yoto, a donné lieu à des conflits qui sont avivés lors des élections avec les cycles de contestations que celles-ci connaissent. C’est ce que confirme un enquêté lorsqu’il dit :
«Le multipartisme est une bonne chose pour la démocratie. Cependant, il a engendré des dissensions profondes dans notre communauté. Des gens ont été assassinés en raison de leur appartenance politique. J’ai fait l’objet de persécutions en raison de mes opinions. J’étais membre du parti politique dénommé Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). J’ai été victime de persécutions et on a monté des gens de ma propre communauté contre moi. J’ai dû passer des années en exil pour sauver ma vie. Dans ces conditions, il est difficile aux gens de rester encore ensemble. Ces faits ont entrainé un repli sur soi. Les gens ne sont plus prêts à travailler ensemble comme nos parents le faisaient.»
16Selon les enquêtés, la politique crée des conflits jusque dans le cercle familial. Un enquêté affirme à ce propos que :
«C’est la politique qui a tout chamboulé dans nos communautés. Elle a créé des divisions, des conflits. Les membres d’une même famille ne s’entendent plus à cause de la politique parce qu’ils sont de différents partis politiques. A cause de la politique des gens refusent que leurs enfants fréquentent certains établissements scolaires parce que ces établissements se trouvent dans le quartier de leurs adversaires politiques ou financés par ceux-ci. Dans ces conditions, comment voulez-vous que ces mêmes personnes soient ensemble pour travailler.»
17La période des élections est celle qui ravive davantage les tensions. Les résultats étant très souvent contestés, les dissensions sont plus profondes puisque certaines personnes estiment qu’on leur a volé "leur victoire" alors qu’au même moment d’autres jubilent. S’en suivent les pertes en vies humaines ainsi que la destruction des biens qui affectent la stabilité sociale et par voie de conséquence la cohésion sociale (Groupe des sages de l’Union africaine, 2012, p. 22). Le système partisan, au lieu d’être l’expression des opinions plurielles, devient source de conflits avec un impact important sur le communautarisme.
18La méfiance qui s’installe n’est pas sans conséquence sur le système d’éducation traditionnel. En effet, au sein des communautés africaines, l’éducation de l’enfant et des jeunes est une affaire de tous. L’éducation des jeunes dans la communauté des Adja-Ewe comme dans toutes les communautés africaines a un caractère essentiellement collectif (Abdou, 1998, p. 19) dans le respect du critère d’âge. La dégradation de la vie communautaire se traduit par l’affaiblissement de ces structures d’éducation et l’éducation des plus jeunes ne relève davantage plus que de leurs géniteurs directs. Ce que confirme un enquêté lorsqu’il déclare :
«Par le passé, l’enfant qui naît dans un village est suivi dans son éducation par toute la communauté. Il doit respect à tout le monde et lorsqu’il fait quelque chose de mauvais dehors, un autre parent ou toute personne plus âgée que lui peut lui faire des remontrances. Mais aujourd’hui, cela n’est plus possible. Si tu veux dire un mot comme reproche, c’est l’enfant même qui va te rappeler que tu n’es pas son parent. Cela a changé beaucoup de choses chez nous.»
19C’est ainsi que l’éducation à la vie sociale et aux valeurs traditionnelles a pris un coup. La famille se nucléarise davantage et les liens familiaux se relâchent. Faisant allusion à tout ce que la démocratie a entrainé comme conflits et malheurs en Afrique, Kabango soutient que pour « l’Afrique, la "démocratie" n’est que tragédie. Elle tue. Autant que le paludisme si ce n’est plus. On pourrait même s’approprier la pensée de Jaurès en affirmant qu’en « Afrique » : la « démocratie » porte en elle la guerre comme la nuée porte l’orage (Kabango, 2019).
20Au-delà de ces clivages, ce sont les instituions traditionnelles qui sont affaiblies.
L’affaiblissement des institutions sociales traditionnelles
21La dégradation de la vie communautaire par l’affaiblissement des institutions sociales traditionnelles se traduit par la perte de prestige des autorités traditionnelles et la politisation des fêtes traditionnelles.
22Dans les communautés en Afrique, le groupe vit et se conçoit autour d’une autorité traditionnelle qui en est le chef. Celui-ci est le symbole de l’unité et l’incarnation des valeurs essentielles de son peuple ; il utilise la force avec le consentement de ses sujets dans l’intérêt de l’ordre social (Evans-Pritchard et Fortes, 1964, p. 14). Il en est ainsi dans la communauté des Adja-Ewe de la préfecture de Yoto au Togo. C’est par l’autorité qu’il incarne, laquelle est regardée comme légitime par ses sujets, que consignes et ordres sont exécutés. Ce prestige s’amenuise non seulement en raison des collusions entre l’autorité traditionnelle et le pouvoir politique, mais aussi de la place qui lui est réservée dans l’Etat moderne africain.
23Le caractère sacré du chef traditionnel tend à disparaître en laissant place à une immixtion du pouvoir politique qui doit intervenir dans sa désignation par un acte de reconnaissance1. Ce pouvoir de reconnaissance que s'est arrogé l'État s'est révélé être l'une des plus grandes causes de l'affaiblissement de la chefferie traditionnelle, car la voie est alors ouverte pour que l’autorité coutumière soit manipulée par le pouvoir en place qui peut prononcer sa destitution ou son maintien, selon le bon vouloir de ses supérieurs hiérarchiques administratifs (Trimua, 2007, p. 13). Et il en est ainsi, car pour beaucoup de chefs traditionnels, garder son titre implique la nécessité d’une allégeance au pouvoir en place, une soumission qui date de l’époque coloniale (Trimua, 2007, p. 10). L’autorité du chef traditionnel est alors affaiblie, avilie. La constitutionnalisation de son existence2 dans l’organisation politique et sociale n’a pas réussi à lui redonner sa valeur et sa noblesse. Le chef traditionnel est désormais peu considéré, moins écouté par ses sujets qui rechignent à obéir à ses ordres. Un enquêté affirme dans ce sens que :
«Le chef traditionnel n’a plus le même prestige que par le passé. Aujourd’hui certaines personnes sont devenues chefs parce qu’ils sont d’un bord politique donné ou parce qu’ils connaissent une personnalité qui a pu les faire nommer. Dans ces conditions, le chef n’est plus respecté. La fonction perd son caractère sacré d’antan. Un tel chef ne peut pas rassembler tous ses sujets autour de lui puisque sa nomination même est contestée. Tout ceci fragilise la cohésion sociale étant donné que la personne qui incarne le rassemblement n’est pas reconnue comme telle.»
24Le chef traditionnel n’a presque plus de pouvoirs propres, l’Etat moderne s’étant arrogé toutes les prérogatives exercées au travers des instituions modernes. Celui qui exerçait une grande autorité et une force sans égale au sein de sa communauté n’est plus que le gardien des « us et coutumes », notion sans contenu précis. D’ailleurs, la coutume dans sa conception juridique, subit elle-même une profonde érosion de son champ d’application. Elle n’est applicable dans beaucoup de matières que lorsqu’elle n’est pas contraire aux règles de droit moderne3. Le domaine de la coutume dont le chef traditionnel se trouve être le gardien ne cesse alors de s’amenuiser ; ce qui a considérablement réduit son pouvoir. La vie communautaire n’en est pas moins menacée. Les règles traditionnelles sont en déclin faisant naître des conflits entre partisans du droit moderne et ceux du droit traditionnel.
25Outre l’autorité traditionnelle, ce sont les fêtes traditionnelles qui ont subi des influences politiques que ce soit de la part du parti au pouvoir ou des partis de l’opposition. Les fêtes traditionnelles sont des festivités héritées par la communauté de ses ancêtres. Dans la préfecture de Yoto où nous avons mené nos entretiens, la fête traditionnelle des populations est appelée Hogbezan4. Elles constituent en principe un moment de communion entre les membres de la communauté, mais elles sont finalement sous les influences de diverses factions politiques chacune cherchant à prendre le dessus et à faire de ces moments des occasions de campagne électorale ou de visibilité de son parti politique. Cela engendre d’importantes dissensions et fait perdre aux fêtes traditionnelles leur valeur et leur but. Ces moments de retrouvaille et de raffermissement des liens ne sont plus une affaire de tous, mais une affaire de certains. Un enquêté déclare à ce propos :
«Il y a longtemps, je ne participe plus à la fête traditionnelle Hogbezan. Quand vous y allez, vous avez l’impression d’être à une campagne électorale. Chacun veut vanter les mérites de son parti politique. Ce n’est pas cela une fête traditionnelle. La ferveur qu’il y avait autour de cette fête n’y est plus. Les discours politiques ont pris le dessus. Même dans son organisation, il y a des problèmes. Les différents partis politiques veulent chacun avoir le contrôle de l’organisation.»
26La tendance à faire de la récupération politique dans l’organisation des fêtes traditionnelles a largement contribué à affaiblir cette institution dans laquelle s’expriment les valeurs du vivre ensemble et de solidarité entre les membres de la communauté.
La décollectivisation des besoins
27Sur le plan économique, la vie communautaire dans les sociétés africaines comporte un certain nombre de caractéristiques. Sylla (1982, p. 76) en résume bien les traits fondamentaux lorsqu’il écrit :
«L’expression [Une société communautaire] signifie également que la société négro-africaine rejette l’individualisme, plus précisément l’individualisme bourgeois pour lequel le principe premier et fondamental est la recherche de l’intérêt et du profit personnels. Le communautarisme négro-africain signifie plus essentiellement activité de production commune, vie commune, répartition commune, prise en charge des problèmes individuels par le groupe : toutes les énergies et potentialités sont mobilisées et mises au service de l’intérêt commun.»
28Dans la communauté des Adja-Ewe du Togo comme dans certaines autres communautés du pays, les activités de production commune se traduisent par la création des groupes appelés Fiha ou Fidodoha5 qui sont des groupes organisés de manière à travailler de façon rotative dans les champs des membres. Ces groupes s’organisent pour un travail collectif afin de permettre à chaque membre de la communauté de disposer d’un champ d’où il tirera les fruits de sa subsistance et de celle des membres de sa famille. Quant à la prise en charge des problèmes individuels par la communauté, elle se manifeste par une contribution matérielle ou financière lorsqu’un membre de la communauté se trouve en situation difficile. C’est le cas lors des cérémonies funéraires. Il existe en la matière une pratique dite etsondidi6 suivant laquelle chaque membre de la communauté participe aux obsèques en donnant à la famille éplorée soit de l’argent soit un bien pouvant servir à mener à bien la cérémonie. Enfin, la propriété collective reste une autre caractéristique importante du communautarisme. La pratique la plus importante dans ce domaine est la propriété collective des fonds de terre. La terre appartient donc à une collectivité et non à un individu. Kouassigan le dit bien lorsqu’il affirme qu’avant la colonisation européenne du XIXè siècle, la terre était un bien collectif en étroite relation avec les structures sociales et faisant l’objet d’un culte particulier dans certains cas (Kouassigan, 1966, p. 10).
29L’évolution des réalités économiques a entrainé l’affaiblissement des piliers de la vie communautaire et par voie de conséquence le relâchement du lien social. Ces dynamiques sont essentiellement issues de l’apparition de besoins qui ne ressortissent plus, selon les membres, de l’intérêt collectif pour n’avoir pas fait l’unanimité entre eux. L’un des exemples les plus illustratifs de la situation est l’introduction de l’école.
30L’une des activités économiques la plus développée et la plus pratiquée dans les communautés traditionnelles est l’agriculture. La main d’œuvre la plus importante provient des activités d’entraide et des enfants que l’on a. L’introduction de l’école a provoqué une scission entre ceux qui sont pour l’école et ceux qui en sont contre. Cette division a eu comme conséquence l’affaiblissement des groupes d’entraide, car ceux qui s’opposent à l’école n’entendent pas travailler dans le champ de quelqu’un au moment où les enfants de celui-ci sont dans les salles de classe. Ceci est confirmé par un enquêté qui déclare :
«Avant nous travaillons dans les champs en groupes organisés. Mais l’avènement de l’école a contribué à changer la donne. Ceux qui ne veulent pas que les enfants aillent à l’école refusent de travailler dans les champs de ceux qui y ont envoyé leurs enfants. Ils soutiennent qu’ils ne veulent pas travailler pour eux parfois avec leurs enfants au moment où les enfants de ceux-ci sont en classe. Cela est l’une des causes de la disparition des groupes d’entraide.»
31L’école a alors entrainé une recherche individuelle des solutions aux problèmes personnels au détriment de leur prise en charge collective. L’individualisation des besoins a eu comme conséquence la recherche de l’intérêt individuel qui a, à son tour, engendré l’expression poussée du "moi". On ne pense plus qu’à soi-même et parfois on cherche à être le seul à connaître le succès. Les groupes d’entraide sont devenus inefficaces du fait que certains après en avoir bénéficié refusent de faire de même aux autres membres. L’individu s’affranchit ainsi des principes du communautarisme.
32Le développement de l’esprit individualiste a contribué à la disparition de la propriété collective sur les domaines fonciers qui est un élément essentiel dans la vie communautaire. En prenant ses distances vis-à-vis de la société, l’individu a provoqué l’éclatement de la propriété collective. Pour Kouassigan, l'indépendance de l'individu par rapport à ses semblables amène à l'indépendance de la propriété (1966, p. 34). La terre qui, hier, était interdite de vente est entrée dans le commerce et fait désormais l’objet d’aliénation. Il s’agit d’un bouleversement dans les pratiques de la communauté, lequel bouleversement est également intervenu sur le champ religieux.
Les antagonismes nés des pratiques religieuses
33Dans les sociétés traditionnelles africaines, les facteurs religieux ont une influence significative sur la vie communautaire. La religion joue un rôle central dans la façon dont les membres d'une communauté interagissent les uns avec les autres, ainsi qu'avec l'environnement qui les entoure.
34Elle constitue un élément unificateur au sein des communautés, favorisant la solidarité et le soutien mutuel entre les membres. Les pratiques religieuses traditionnelles fixent les structures sociales et les rôles au sein de la communauté, en déterminant par exemple les responsabilités des leaders religieux et des membres ordinaires. Celles-ci offrent des occasions de rassemblement, de partage et de renforcement des liens entre les individus. La religion influence la manière dont les conflits sont résolus au sein de la communauté, en fournissant des normes morales et éthiques pour guider les interactions entre les membres.
35Au XVIIIè siècle, l’Afrique est entrée dans une diversité religieuse héritée de la colonisation (Dorier-Apprill, 2006, p. 48). La diversité religieuse du continent s’accroît partout avec l’accélération du processus de mondialisation, la circulation des hommes, la liberté d’expression religieuse retrouvée avec le retour à la démocratie, une perméabilité plus grande aux nouvelles entreprises missionnaires (fondamentalisme musulman et pentecôtisme) et aux médias transnationaux (Dorier-Apprill, 2006, p. 48).
36Au sein des populations de la préfecture de Yoto, il existe un pluralisme religieux marqué par l’existence à côté de l’animisme qui est la religion traditionnelle, du christianisme avec ses diverses dénominations et l’islam qui est pratiquée par une faible proportion de la population. Cette diversité a eu comme conséquence la multiplication des champs normatifs religieux rendant l’espace communautaire religieusement hétérogène. Mayrargue en décrit la substance en ces termes :
«(…) les pratiques des croyants et fidèles révèlent des formes d’individualisation. Au temps des appartenances héritées et des recouvrements identitaires ethnie/religion, succèdent des logiques d’expérimentation, de conversion et de reconversion, de butinage et de mobilité religieuse, voire de cumul des appartenances. Les parcours des fidèles s’individualisent. Les allégeances sont caractérisées par la fragilité et la réversibilité; le rapport aux prescriptions religieuses, par l’hétérogénéité (Mayrargue, 2011, p. 9).»
37La rencontre entre les traditions et les religions importées a engendré une dégradation de la vie communautaire. L’individu se trouve pris en étau. Il est tiré entre traditions et convictions religieuses issues du christianisme ou de l’islam. Pour Hugon (1967, p. 705), dans la mesure où le message chrétien s'implante dans un milieu traditionnel, il bouleverse la vie intime et sociale des Africains. Cette situation est confirmée par un enquêté :
«Ce sont les religions importées qui ont donné le coup de grâce à nos traditions et aux règles de conduite que celles-ci nous imposent. Ce que la tradition interdit, le christianisme l’autorise. Par exemple, dans notre communauté, personne ne doit piler dans sa maison la nuit. C’est ce que nos aïeux nous ont transmis. Mais de nos jours, les chrétiens disent qu’ils sont nés de nouveau et qu’ils ne doivent plus se soumettre à ces règles. Cela crée un conflit entre les vieux du village et les personnes qui se livrent à ces genres de comportement.»
38Plus encore, la religion engendre des dissensions jusque dans le cercle familial entre les rapports parents et enfants, mais aussi entre les descendants d’une même personne pour le seul fait que l’élément religieux ne leur est plus commun. La divergence des réponses aux problèmes qui se posent sous l’angle religieux conduit parfois à des crises profondes qui déchirent le tissu familial.
39Enfin, c’est le contenu même du message religieux issu des religions importées qui pousse à l’individualisme avec pour conséquence l’affaiblissement de la solidarité au sein des communautés. Le salut individuel est proclamé. Mayrargue fait à ce propos la remarque suivante :
«(…) une offre religieuse en phase avec des dynamiques d’individualisation qui travaillent en profondeur les sociétés africaines se diffuse ; elle joue à la fois comme un révélateur et comme un vecteur de ces processus, en valorisant succès individuel ou émancipation personnelle aussi bien dans le champ chrétien que musulman »(Mayrargue, 2011, p. 9).
40Marshall-Fratani et Péclard sont plus explicites à propos de l’individualisme qui découle de la religion. Ils font observer que :
«Contrairement à une opinion répandue, les mouvements religieux que nous observons ne semblent pas prioritairement des mouvements à forte identité collective, où les individus seraient attirés par la puissance des liens communautaires et par la cohésion sociale. Bien que par moments et dans certaines circonstances une mobilisation collective soudée puisse se produire, la quête religieuse qui aboutit à l’adhésion à l’un de ces mouvements reste assez individualiste. On recherche bien sûr la « solution » à des problèmes matériels – argent, santé, travail, amour, enfants –, mais on recherche avant tout de nouvelles façons d’être et de vivre qui, elles, pourraient permettre de résoudre ces problèmes» (Marshall-Fratani et Péclard, 2002, p. 11).
41Or, cette vision est aux antipodes du communautarisme dans les communautés Adja-Ewe. Même dans l’au-delà, la vie communautaire se poursuit. C’est ainsi que lors des inhumations, on rappelle au défunt d’aller chez les ancêtres et on prie ces derniers de lui réserver un bon accueil. L’individualisme qui est prôné déteint sur la vie communautaire en affaiblissant le lien social au sein des communautés qui étaient dominées par une forte solidarité.
Discussion
42L’étude révèle que la mauvaise appréhension du système démocratique, l’exacerbation des clivages politiques, la politisation des institutions traditionnelles, les dynamiques économiques et les rapports conflictuels entre la tradition et les religions importées sont à l’origine de la dégradation de la vie communautaire au sein de la population étudiée. Ces facteurs ont chacun une influence sur le lien social qui était très fort dans les communautés à travers la solidarité, les activités communautaires et d’entraide, la propriété collective des domaines fonciers, le partage d’un ensemble de normes traditionnelles qui structurent la vie commune. Ils résultent tous d’actions individuelles intentionnelles mais dont le but n’est pas de saper la vie communautaire. C’est en cela que la théorie des effets pervers de Boudon permet de comprendre le phénomène. La dégradation de la vie communautaire se présente ainsi comme l’effet non désiré des actions des membres de la communauté. De plus, le système démocratique, l’évolution des réalités économiques et le contact de la culture africaine sous l’angle religieux avec les religions importées ne constituent pas en soi des éléments destructeurs du communautarisme. Mais ils ont, dans leur pratique, engendré des actions dont le résultat est le phénomène objet de la recherche.
43L’étude révèle en outre les limites de la théorie de la division du travail social de Durkheim (2013) dans l’explication de la solidarité dans les sociétés traditionnelles et dans les sociétés postcoloniales. Même si la division du travail agraire est possible, ce n’est pas cette division qui a entrainé la métamorphose de la vie communautaire au sein des populations étudiées.
44Contrairement aux résultats auxquels nous sommes parvenus, certains auteurs ont démontré que la disparition progressive du communautarisme est due à l’éducation formelle telle qu’elle est pratiquée dans les Etats africains postcoloniaux. Pour Paré-Kaboré, l’incohérence des systèmes d’éducation africains de nos jours a pour effet, même s’il n’en est pas le seul effet, la déstructuration de l’organisation familiale communautaire (2013, p. 24). Cette position n’est pas loin de celle de Ngakoutou (2004) qui décrie lui aussi les effets négatifs des systèmes éducatifs pratiqués en Afrique.
Conclusion
45Notre recherche s’est fixée comme objectif de déterminer les facteurs qui expliquent la dégradation de la vie communautaire au sein des populations Adja-Ewe de la préfecture de Yoto au Togo. Il en est sorti une diversité de facteurs relevant de trois champs : politique, économique et culturel. Au plan politique, sont mis en évidence le mauvais ancrage des principes démocratiques, les incidences négatives du système partisan marqué par des clivages importants, la politisation des institutions traditionnelles. En ce qui concerne le facteur économique, il est essentiellement lié à l’évolution des réalités économiques ayant affaibli les activités d’entraide et conduit à l’éclatement du caractère collectif des biens. Au plan culturel, les rapports conflictuels entre les pratiques religieuses dans l’espace communautaire ont été également identifiés comme facteur explicatif. Ces éléments confirment l’hypothèse de départ qui postulait que la dégradation de la vie communautaire dans les communautés étudiées résultait d’une combinaison de facteurs d’ordre politique et des dynamiques économiques et culturelles. Le retour aux sources proclamé dans les discours doit, pour se traduire dans les faits, emprunter les pistes qui auront pour effet d’agir de manière positive et efficace sur les causes ainsi identifiées. Les analyses fondées sur les défaillances des systèmes éducatifs pourront être approfondies en lien avec le communautarisme africain.
Bibliographie
Abdou, Moumouni, L’éducation en Afrique, Paris, FR : Présence africaine, 1998, 327 p.
Boudon, Raymond, Effets pervers et ordre social, 2 éd. mise à jour, Paris, PUF, 1979, 286 p.
Carbone, Giovanni et St-Sauveur, Annabelle Larouche, « Comprendre les partis et les systèmes de partis africains: Entre modèles et recherches empiriques », Politique africaine, N° 104, 4, 2006, pp. 18‑37.
Constitution togolaise de la IVè République du 14 octobre 1992.
Doo-Kingue, Michel, Quelle démocratie en Afrique ?, Dakar, Nouvelles Editions africaines du Sénégal, 1999, 336 p.
Dorier-Apprill, Elisabeth, « Les échelles du pluralisme religieux en Afrique subsaharienne », L’Information géographique, 70, 4, 2006, pp. 46‑65.
Durkheim, Emile, De la division du travail social, Nouvelle éd., Paris, Presses universitaires de France (Quadrige), 2013, 416p.
Evans-Pritchard, Edward Evan et Fortes, Meyer, Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964, 266 p.
Groupe des sages de l’Union africaine, Les conflits et la violence politique résultant des élections, New York, 2012, disponible sur https://www.peaceau.org/uploads/ipi-pub-les-conflits-electoraux.pdf, Consulté le 15 avril 2024.
Guèye, Babacar, « La démocratie en Afrique : succès et résistances », Pouvoirs, 129, 2, 2009, pp. 5‑26.
Hugon, Philippe, « Les blocages socio-culturels en Afrique noire », Revue Tiers Monde, 8, 31, 1967, pp. 699‑709.
Kane, Abdoulaye, « Les valeurs traditionnelles sénégalaises et le problème de leur intégration dans les systèmes modernes d’éducation », Ethiopiques : revue socialiste de culture négro-africaine, 31, 1982, pp. 59‑64.
Kouassigan, Guy Adjété, L’homme et la terre : droits fonciers coutumiers et droit de propriété en Afrique occidentale, Paris, ORSTOM, Berger-Levrault (série « L’homme d’outre-mer »), 1966, 283 p.
Loi n°2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo.
Loi n°2012-14 du 6 juillet 2012 portant Code des personnes et de la famille au Togo.
Mayrargue, Cédric, « Le religieux dans la pluralisation contemporaine : éclatement et concurrence », Politique africaine, 123, 3, 2011, pp. 5‑25.
Ngatoukou, Timothée, L’éducation africaine demain : continuité ou rupture ?, Paris, L’Harmattan (Études africaines), 2004, 271 p.
Nzinzi, Pierre, « La démocratie en Afrique : l’ascendant platonicien », Politique africaine, 77, 1, 2000, pp. 72‑89.
Obasanjo, Olusegun, Africa in perspective : myths and realities, New York, Council on Foreign Relations, 1987, 51 p.
Paré-Kaboré, Afsata, « L’Éducation traditionnelle et la vie communautaire en Afrique : repères et leçons d’expériences pour l’éducation au vivre-ensemble aujourd’hui », McGill Journal of Education, 48, 1, 2013, pp. 15‑33.
Senghor, Léopold Sedar, Nation et voie africaine du socialisme, Paris, Présence Africaine, 1961, 138 p.
Sicard, Emile, « Traces, persistances et résurgences de la tradition dans les sociétés en voie de développement : essaie d’un calcul du changement en fonction des générations », in Georges Balandier (dir.), Sociologie des mutations, Paris, anthropos, 1970, pp. 385-407.
Sylla, Abdou, « Les valeurs de civilisation sénégalaises d’hier à aujourd’hui (Aspects philosophiques) », Ethiopiques : revue socialiste de culture négro-africaine, 31, 1982, pp. 73‑84.
Trimua, Christian, « Le statut juridique de la chefferie traditionnelle au Togo : incertitudes et ambiguïtés », Actes de l’atelier de Sokodé sur la place du chef traditionnel dans le contexte de la décentralisation, 2007, disponible sur https://www.afrique-gouvernance.net/bdf_document-982_fr.html, Consulté le 15 avril 2024.
Wieviorka, Michel, « Les effets pervers de Raymond Boudon », Sociologie du travail, 23, 3, 1981, pp. 325‑333.
Notes
1 En effet, aux termes de l’article 13 de la loi n°2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo, « Le chef traditionnel désigné par voie de succession héréditaire ou par voie de consultation populaire doit être reconnu par l’autorité compétente ».
2 L’article 143 de la constitution togolaise reconnaît la chefferie traditionnelle et fait du chef le gardien des us et coutumes.
3 En droit de la famille notamment dans les questions de veuvage, de successions et libéralités par exemple, la coutume n’est applicable que lorsqu’elle n’est pas contraire aux dispositions du Code des personnes et de la famille. Ainsi l’article 403 dudit code dispose que « La loi reconnaît en matière de succession la coutume du défunt et les dispositions du présent code. Toutefois, la coutume ne sera appliquée autant qu’elle est conforme aux droits humains et aux principes fondamentaux de la Constitution ».
4 Dans la langue de la communauté, Hogbezan signifie le jour où les ancêtres ont quitté le royaume de Notsè sous le règne du roi Agokoli.
5 Nous les appelons groupes d’entraide.
6 Ce qui signifie la participation aux obsèques.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Hognon Kodjo
Doctorant en Sociologie politique à l’Université de Lomé
pierrehognon@yahoo.fr
Quelques mots à propos de : Napo Gbati
Professeur titulaire de Sociologie à l’Université de Lomé
napoluco@yahoo.fr